Le temps hivernal a frappé une grande partie des États-Unis, du Kansas à la côte Est, obligeant de nombreux Américains à se sortir du blizzard — y compris les agriculteurs. Et ce n’est pas fini, l’air polaire devrait continuer à s’emparer de certains endroits jusqu’à au moins vendredi.

Les agriculteurs surveillent toujours la météo, mais en fonction de leur situation géographique et de leur production, l’hiver leur pose des défis mentaux, selon Carolyn Olson, une agricultrice biologique du sud-ouest du Minnesota qui est également vice-présidente du conseil d’administration de la Fédération du bureau agricole du Minnesota.

Les producteurs savent que le moment et la quantité d’humidité hivernale affectent les conditions agricoles pour le reste de l’année. C’est aussi le temps de la planification — quelque chose de plus en plus difficile à faire alors que les changements climatiques augmentent la variabilité des chutes de neige, des précipitations et d’autres conditions météorologiques qui peuvent faire ou défaire une exploitation.

«Ils vivent cette période stressante où ils doivent prendre des décisions sur la manière dont ils vont cultiver cette année, sur ce qu’ils vont cultiver, rappelle Mme Olson. C’est une pression énorme sur l’agriculture à cette période de l’année.»

Les éleveurs confrontés à la «tempête d'une génération»

Les vents mordants et les grosses congères de la dernière tempête, qui a entraîné des chutes de neige équivalentes à celles de presque toute une année, frappent les agriculteurs de certaines régions du Kansas «d’une manière que nous n’avons pas vue depuis très, très longtemps, voire toute une vie», affirme Chip Redmond, météorologue à l’Université d’État du Kansas, qui a développé un outil de confort animal. Il comprend un indice de chaleur et de froid qu’un agriculteur peut utiliser — ainsi que sa connaissance de l’âge de ses animaux, de leur pelage, de leur état de santé général, etc. — pour surveiller les situations où il peut être nécessaire de les sortir de zones dangereuses.

Le risque est réel : les veaux, en particulier, peuvent mourir lorsque les températures descendent en dessous de zéro. Et tant de neige dans les zones rurales peut empêcher les agriculteurs d’atteindre les troupeaux avec de la nourriture et de l’eau, ajoute M. Redmond.

Cela signifie qu’il est essentiel de se préparer en déplaçant les animaux et d’avoir un plan pour en prendre soin à l’avance — ce qui est plus difficile en raison de l’imprévisibilité des changements climatiques. Et ne pas avoir l’expérience ou l’infrastructure adéquate pour se préparer est «vraiment, vraiment stressant pour les producteurs», indique le météorologue. 

Un répit pour certaines zones habituellement enneigées

La tempête a échappé à certains États du nord, comme l’Iowa et le Minnesota, qui sont généralement plus habitués à la neige. Stu Swanson, président de l’Association des producteurs de maïs de l’Iowa, observe que cela facilite des tâches, telles que le transport des céréales et le travail avec le bétail. 

Il ajoute que, sans couverture de neige, le sol est plus susceptible de geler et de dégeler d’une manière qui pourrait être bénéfique pour les sols. Deux années de sécheresse suivies de pluies torrentielles au printemps dernier ont créé des ornières de pneus et un compactage dû aux machines agricoles à certains endroits, explique-t-il. Il espère qu’en l’absence d’autant de neige, le cycle gel-dégel permettra d’ameublir le sol et que les agriculteurs pourront tirer profit de la disparition de certains ravageurs avant le printemps.

«Nous n’avons aucune culture en croissance actuellement, donc la température n’a pas vraiment d’importance. Nous attendons avec impatience un bon gel», affirme M. Swanson. 

«Festin ou famine» : les extrêmes et l’imprévisibilité inquiètent certains agriculteurs

Le manque de neige est par contre une préoccupation importante plus au nord dans certaines parties du Minnesota, où les producteurs ont des cultures d’hiver, comme la luzerne ou le blé d’hiver. 

Une couverture neigeuse fiable est importante dans ces régions, car elle isole le sol du froid. Selon Jochum Wiersma, professeur à l’université du Minnesota, quelques centimètres de neige sur un champ peuvent maintenir la couronne du blé d’hiver (qui est encore sous terre à cette époque de l’année pour résister à l’hiver) à -2 °C, même si la température de l’air est aussi basse que -40 °C.

«Il n’y a pas grand-chose à faire, malheureusement», lorsque la glace brise la couronne d’une plante, précise Martin Larsen, qui cultive notamment de la luzerne dans le sud-est du Minnesota. Il s’inquiète également des tendances à long terme, soulignant le record de chaleur probable de l’année dernière.

«Le temps était si sec au début du printemps dernier et nous étions sur le terrain presque un mois plus tôt que d’habitude. Je dirais que cette inquiétude persiste cette année», dit M. Larsen. 

Gary Prescher, qui exploite une petite production céréalière depuis environ 50 ans dans le centre-sud du Minnesota, rapporte avoir remarqué une plus grande variabilité au cours des six à dix dernières années. Cela change sa philosophie à long terme sur la ferme. Il souhaite s’assurer que son exploitation puisse gérer des événements météorologiques extrêmes, précisant que l’excès de chaleur, de froid, de sécheresse, d’humidité ou de vent a «forcé certains changements ici pour moi et mes voisins». 

«Si vous ne regardez que les moyennes, c’est très trompeur, conclut-il. C’est tout ou rien.»

La Presse Canadienne. Tous droits réservés.

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