Le gouvernement japonais a approuvé vendredi un budget de défense record de 8700 milliards de yens (79,5 milliards $) pour 2025, alors que le pays accélère le renforcement de sa capacité de riposte avec des missiles de croisière à longue portée et commence à déployer des Tomahawks pour se fortifier contre les menaces croissantes de la Chine, de la Corée du Nord et de la Russie. 

Le projet de budget de défense approuvé par le gouvernement marque la troisième année du renforcement militaire quinquennal en cours du Japon dans le cadre de la stratégie de sécurité nationale adoptée en 2022. Les dépenses de défense font partie du projet de budget national de plus de 115 000 milliards de yens — également un record — qui nécessite l'approbation du Parlement d'ici mars pour être promulgué. 

Le Japon se prépare à déployer des Tomahawks de fabrication américaine à la fin de l'exercice 2025 dans le cadre de ses efforts continus pour acquérir une capacité de riposte avec des missiles à longue portée capables de frapper des cibles éloignées. Le budget alloue 940 milliards de yens (8,6 milliards $) au système de défense dit «stand-off», qui comprend également des missiles à longue portée, une constellation de satellites et d’autres arsenaux. 

Le coût comprend 1,8 milliard de yens (16 millions $) pour l’achat et l’ajout d’équipements permettant de lancer des Tomahawks à partir de destroyers de classe Aegis. 

Afin de renforcer son système de défense antimissile, le Japon prévoit de dépenser 533 milliards de yens supplémentaires (4,9 milliards $) pour l’achat d’intercepteurs et d’un radar de reconnaissance mobile à placer à Okinawa, où plus de la moitié des quelque 50 000 soldats américains sont basés. 

Dans le cadre de sa stratégie de défense, le Japon vise à doubler ses dépenses militaires annuelles pour atteindre environ 10 000 milliards de yens (91,4 milliards $), ce qui en ferait le troisième pays au monde à dépenser le plus d’argent dans le domaine militaire après les États-Unis et la Chine. 

Dans le cadre de son renforcement militaire, le Japon s’efforce de renforcer son industrie de défense, en grande partie nationale, en participant à des développements conjoints et en favorisant les ventes à l’étranger. 

Pour 2025, le Japon prévoit de dépenser 314,8 milliards de yens (2,8 milliards $) pour construire trois nouveaux destroyers compacts polyvalents de 4800 tonnes, ou FFM, qui nécessitent 90 membres d'équipage, soit moins de la moitié de l'équipage actuellement nécessaire en raison de l'automatisation et de la conception économe en main-d'œuvre.

Le destroyer construit par Mitsubishi Heavy Industries est l'un des deux candidats présélectionnés par l'Australie pour son projet de frégate Sea 3000 et est en concurrence avec le MEKO A-200 allemand proposé par Thyssenkrupp Marine Systems. Le Japon développerait et produirait conjointement des frégates pour la marine australienne.

Le projet sert non seulement à approfondir la coopération entre le Japon et l'Australie, mais contribue également à améliorer les capacités des navires de guerre du Japon, a déclaré le ministre de la Défense, le général Nakatani, le mois dernier.

Le Japon, dont le seul allié par traité est les États-Unis, a développé des liens étroits avec l’Australie et la considère comme un semi-allié face à la menace croissante de la Chine dans la région. 

Le Japon cherche désespérément à remporter l’accord après avoir perdu face à la France dans le contrat de sous-marins avec l’Australie en 2016. Le cabinet du premier ministre, Shigeru Ishiba, a déjà approuvé les ventes étrangères de FFM de classe Mogami à l’Australie dans l’espoir qu’elle soit sélectionnée, et a mis en place un panel conjoint de responsables gouvernementaux et industriels pour intensifier sa campagne à Canberra. 

Le Japon développe également conjointement avec la Grande-Bretagne et l’Italie un avion de combat de nouvelle génération qui sera déployé en 2035. 

Alors que la population du pays continue de diminuer, le Japon se concentre sur les armes sans pilote et l’intelligence artificielle pour compenser le déclin du nombre de militaires. Par ailleurs, le gouvernement a également adopté cette semaine un plan visant à renforcer la «base humaine» en améliorant considérablement les salaires, les conditions de travail et le soutien aux parcours professionnels des Forces d'autodéfense afin d'attirer davantage de candidats.

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